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Dr Matthieu JULIAN en conférence à Paris sur la prise en charge des enfants et des familles

Ainsi, depuis ce matin, nous entendons dire que les rébellions psychiques, corporelles et organiques chez l’enfant auraient pour visée de conduire leurs parents à la consultation. Les symptômes seraient alors des appels au clinicien à viser l’adulte et la présence de celui-ci serait l’indicateur de sa disponibilité pour cette opération.

Si le symptôme peut avoir cette fonction, et si c’est généralement le cas, il ne faut pas non plus que le clinicien se cache derrière cette assertion pour se dérober de la clinique des mineurs, comme jadis il pouvait se dérober de la psychose. L’écueil de cette position serait de systématiquement réorienter la barre vers l’adulte accompagnateur, sans prendre le temps nécessaire à un examen approfondi de l’enfant ou de l’adolescent. Certes, lorsqu’il souffre, la responsabilité de ses parents doit être interrogée, mais ce n’est pas toujours aussi linéaire, exclusif ou tout simplement possible, vous en conviendrez, même lorsque le patient dit ne pas souffrir lors des entretiens préliminaires. C’est le cas de Tommy, 16 ans, qui vient chaque matin pour une, voire deux séances, afin de ne pas commencer sa journée par un verre de vin. C’est le cas d’Erwin, 8 ans, qui débarque à la consultation sans rendez-vous suite à l’annonce d’un cancer pédiatrique. C’est le cas de Samuel, 14 ans, qui souffre de sa consommation de pornographie. C’est le cas de Yanis, 17 ans, rejeté par ses proches, logé dans un foyer suite à l’annonce de son homosexualité et une contamination par le VIH.

La spécialisation du clinicien est antinomique de la position de psychanalyste : voilà un discours qui vise à faire rempart aux petites dérobades des uns et des autres. Cette parole, qui a été très importante pour moi, je l’ai entendue de Monsieur Luc Monne Dao (psychanalyste, SPP) lors d’un séminaire sur la psychopathologie de l’adolescent et du jeune adulte (Université Paris Nanterre, 2014). Cette phrase, comme les développements qui y étaient liés, indiquait le non-sens à occuper la position de psychothérapeute et/ou de supposé-psychanalyste tout en disant : je ne reçois pas d’enfants, je ne reçois pas d’adolescents, je ne reçois que des traumatisés, ou à l’inverse, que des adultes. À partir de là, nous sommes aussi invités à être vigilants, à ne pas trop vite viser le Nord des parents, accepter de ne plus recevoir l’enfant, sans avoir pris le temps d’éviter les écueils qui entouraient la coque du bateau. Certains enfants et adolescents souffrent, pour de vrai, et exigent une écoute et un travail sérieux. La psychothérapie doit alors reposer sur une certaine rigueur dans la technique, tout en la garantissant souple, légère, réactive, adaptée et stylée. La rigueur, dans cette clinique, c’est surtout la persévérance et l’humilité, car la technique ça se travaille, ça s’affine, ça se manie et ça se peaufine.

À ce propos, j’ai aussi été marqué par le discours de Madame Édith de Amorim, qui indiquait la nécessité de considérer la technique avant tout comme un art, comme une création et non pas seulement comme un simple assujettissement. Son indication, à ne pas obéir aveuglement au risque d’étouffer notre style et la clinique, est particulièrement valable pour la conduite des cures chez l’enfant et l’adolescent. Pour elle, l’essence de la technique c’est l’art de l’invention, avec finesse et adaptation donc, plutôt qu’imitation et répétition qui ne profitent pas aux pratiques.

La technique, c’est l’application des instruments que nous avons à notre disposition pour opérer. C’est ce qui, par le biais notamment de l’association libre, permet de frayer une voie à la parole vraie (le savoir de l’Autre barré). Le transfert est un soutien pour cette opération, et suppose l’implication du clinicien, une implication impersonnelle (non-moïque), une certaine réactivité pour descendre dans l’arène et dégager les résistances qui empêchent la cure d’avancer.

Le clinicien peut et doit opérer, donc, dans l’intimité de la consultation, auprès des mineurs, pour qu’ils puissent devenir des sujets et capables d’amour et de responsabilité (...). Vous pouvez écouter cet extrait et les autres interventions via ce lien.

Docteur Matthieu JULIAN est un psychologue et un psychothérapeute spécialisé dans la prise en charge des enfants et des adolescents. N'hésitez pas à le joindre si vous voulez le texte complet de l'intervention ou pour toutes éventuelles questions, au 07 83 81 67 04.

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