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Quelles différences entre un examen psychologique et un examen psychiatrique ?

On pourrait définir l’examen psychologique comme examen du fonctionnement mental. Mais la définition conviendrait tout aussi bien à l’examen psychiatrique.
On pourrait alléguer que l’examen psychiatrique est plus axé sur la recherche de signes pathologiques, tandis que l’examen psychologique prend en compte, en outre, les secteurs normaux de fonctionnement. Le psychiatre viserait à un diagnostic, le psychologue à la compréhension d’un individu. Mais la normalité, si elle existe, et les variations de la normale sont aussi un diagnostic. Et si certains psychiatres se contentent d’un étiquetage diagnostique, se serait faire tort à nombre d’autres dont tout le travail s’appuie sur la compréhension de l’enfant et de sa famille ou du patient adulte vis-à-vis de son contexte. 

Avec les enfants, par exemple, ce qu’on attend de l’examen psychologique, voire, dans certains services, ce qu’on libelle sur le « bon » avec lequel on envoie l’enfant au psychologue, c’est essentiellement la détermination du niveau mental, complétée éventuellement par celle du niveau scolaire, et dans certains cas un examen de la personnalité, c’est-à-dire essentiellement l’application de techniques projectives.

L’examen clinique psychiatrique a déjà donné une idée du niveau intellectuel. Ne parlons pas de l’utilisation caricaturale de quelques items de tests par le psychiatre. Parlons de ce que le dialogue, le jeu, le dessin, ce que l’enfant a écrit ou lu ont appris de son intelligence, de son niveau de langage, de l’harmonie ou du contraste entre son maniement du langage et ses aptitudes non verbales, de sa latéralisation, de ses acquisitions, scolaires, etc. Mais tout cela n’a été qu’entrevu, et ne peut aboutir qu’à une impression d’ensemble, dans certains cas systématiquement faussée, tel l’enfant hypomane, surexcité, qui passe volontiers pour plus doué à l’entretien qu’il ne sera efficient dans l’exécution de tâches intellectuelles, tel l’enfant inhibé, silencieux, qui ne révèle pas toutes ses possibilités dans le dialogue.

Dans cette perspective, même pour l'adulte, l’examen psychologique apparaît comme l’approfondissement de ce qui a été survolé au cours de l’examen clinique psychiatrique, l’étude plus précise et la mesure du niveau intellectuel et du niveau scolaire.
Quant à l’étude de la personnalité, n’est-elle pas au centre de l’examen clinique psychiatrique ? Le psychiatre ne se limite pas à la recherche des symptômes ; il apprécie les modalités relationnelles et défensives de l’individu, explore aussi sa vie fantasmatique. La discussion reste ouverte, en science, sur ce qui peut constituer un approfondissement de ce premier aperçu. Il y a là des choix qui dépendront de la nature et de la difficulté des cas examinés, des positions théoriques du psychiatre, et aussi de son expérience.

En conclusion, l’examen psychologique est en fait généralement confié à un psychologue. Il requiert beaucoup de temps et constitue un approfondissement de l’examen psychiatrique par l’investigation systématique de secteurs et de fonctionnement superficiellement explorés lors de cet examen psychiatrique. L’examen psychiatrique peut se limiter à un entretien purement verbal, bien que souvent avec l’enfant on recoure au dessin, au jeu et à diverses activités ; l’examen psychologique utilise, à côté de l’entretien, la médiation de tâches à exécuter, dont certaines sont standardisées et permettent une comparaison plus précise de l’enfant examiné avec d’autres enfants de son âge et de divers âges. Avec les adultes, des outils existent aussi pour rendre les examens non-exclusivement liés à un entretien purement verbal.
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